Molly - MollyEt si toute votre vie reposait sur un mensonge...Cowbloghttp://molly.cowblog.frSun, 29 Aug 2010 18:08:25 +0200180Epilogue.Sun, 29 Aug 2010 18:08:00 +0200Sun, 29 Aug 2010 18:08:00 +0200http://molly.cowblog.fr/epilogue-3033272.htmlAufilduclavier

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  -Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Louane, joyeux anniversaire !!!
 
  Dans une immense propriété au bord de la méditerranée, une petite fille soufflait ses dix bougies.
  -Tu as fait un vœu j’espère ! s’exclama Gregory.
  -Bah oui, évidemment ! répondit-elle à son père. Je peux avoir mes cadeaux maintenant ? demanda-telle impatiente.
  -Oui vas-y !
  Louane se précipita alors sur la montagne de paquets colorés.
  -Celui-ci, c’est de ma part ! expliqua Molly.
  Il s’agissait d’un petit cœur en pendentif qu’elle s’empressa d’attacher autour de son cou.
  -Merci ! dit-elle en la prenant dans ses bras.
  -Et ça, c’est de la part de Clarence et moi. fit Mattew en posant sur le sol un énorme carton.
  -Waaa ! Un aquarium géant ! T’as vu papa ! Je vais pouvoir mettre encore plus de poissons dedans !
  -Tu ne trouves pas qu’elle en a déjà assez des aquariums ? murmura Gregory à Mattew. Sa chambre en est déjà remplie…
  -Bah, on mettra celui-là dans le salon !

  Lorsqu’il était rentré avec Nora, cinq ans auparavant, Mattew et Clarence lui avait fait une proposition en or. Ils ne souhaitaient pas séparer Molly de Gregory, alors ils avaient décidé d’acheter une villa sur la côte d’azur pour y vivre tous ensemble. La cohabitation s’était mise en place très rapidement et depuis, tout se déroulait à merveille, Gregory avait choisi d’appeler Nora Louane pour ne plus créer de confusion et Molly et elle se considéraient comme de véritables sœurs.

  Soudain, alors que toute la petite tribu était attablée, en train de dévorer le fraisier, Clarence se mit à pousser des cris.
  -Mattew, brailla-t-elle, je crois que… je crois que le bébé arrive !!
  -Ok ! Répondit ce dernier dans un état second. Surtout, pas de panique ! Louane, Molly, vous restez avec Gregory, moi, j’emmène Clarence à la maternité ! Molly, chérie, vas me chercher le sac que maman a préparé, il est dans la chambre.

  Lorsque Molly rapporta le sac, Clarence et Mattew montèrent dans la voiture.
  -On pensera à toi Clarence ! fit Gregory.
  -Ouais ! confirma Louane. Et essayez de ramener le bon bébé à la maison cette fois.

  Et ce fut sous des éclats de rires que la voiture s’éloigna.

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Chapitre 23.Sun, 29 Aug 2010 17:25:00 +0200Sun, 29 Aug 2010 17:25:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-23-3033249.htmlAufilduclavier

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  La police bordelaise avait décidé de se rendre en Bretagne le lendemain afin de rendre Nora à son père. Mais avant que le détective ne ramène la fillette, Mattew, Clarence et lui avaient décrété qu’il était temps pour eux d’expliquer la situation à Molly.
  -Nora chérie, avait commencé Gregory, il y a quelque chose dont il faut que je te parle. Il ne faut pas que tu aies peur, tout se passera bien, d’accord ?
  La petite fille acquiesça.
  -Bon je me lance, déclara-t-il à Mattew et Clarence assis en face de lui, ton vrai prénom ce n’est pas Nora, en réalité tu t’appelles Molly, et tout comme toi j’ai été très très surpris en l’apprenant ! dit-il en la voyant écarquiller les yeux.
  Il n’était pas question qu’elle apprenne la vérité alors il récita ce qu’ils avaient tous les trois convenu de lui dire.
  -Il se trouve en fait que dans l’endroit où il y a tous les petits bébés, il y a eu une erreur lorsque tu es née. On a donné à ta maman et à moi le bébé d’un autre couple, tu comprends ? Je ne suis pas ton vrai papa et maman n’était pas ta vraie maman. Non, en fait tu es la petite fille de Clarence et de Mattew.
  Molly jeta des regards interrogateurs à ses parents biologiques qui tentèrent de lui sourire pour dissimuler leur angoisse.
  -Le bébé de papa et maman, il a été pris par un méchant monsieur qui l’a caché, mais maintenant, la police l’a retrouvé. Et demain, je vais aller chercher ce bébé qui a grandi et est devenu une grande fille comme toi.
  -Tu m’aimes plus alors ? demanda Molly complètement perdue.
  -Si, bien sûr que si ! Je t’aimerai toute ma vie, tu seras toujours ma petite Nora dans mon cœur. Mais tu dois comprendre que tu as des parents qui t’aiment aussi énormément. Avec le temps, tu vas apprendre à les connaître et tu verras que toi aussi tu les aimeras.
  Molly éclata en sanglots, et Gregory la prit dans ses bras pour sécher ses larmes alors que les siennes ainsi que celles de Clarence et Mattew avaient aussi commencé à couler.
  -Tu as le droit d’être triste chérie, c’est tout à fait normal, c’est difficile pour toi, mais je te promets que dans quelque temps, tu seras très heureuse.
  -Je pleure pas pour moi, je pleure pour la petite fille. Dit-elle en passant la paume de sa main sur ses yeux.
  -La petite fille ? s’étonna Gregory.
  -Oui, elle, elle a jamais eu de papa et de maman pour l’aimer.
  Les trois adultes rirent alors aux éclats. La phrase n’avait rien de comique en elle-même mais elle montrait que Molly avait compris tout ce qu’ils avaient voulu lui expliquer et qu’elle n’était pas si malheureuse qu’elle aurait pu l’être. Entendre une enfant se lamenter sur le sort d’une autre, c’était le signe qu’il restait encore un peu d’humanité dans ce monde, et après tout ce qu’ils venaient de vivre, ils accueillaient ça comme un miracle.
  Seize heures le lendemain, après un long trajet en voiture, Gregory et les deux agents qui l’accompagnaient étaient arrivés à l’embarcadère qui assurait la liaison entre l’île de Batz et le continent. Sur le bateau, parmi la foule de touristes insouciants, Gregory ressemblait à un Ovni, le visage pâle, le regard au loin. Plus ils s’approchaient, plus le cœur de Gregory battait fort dans sa poitrine, il était impatient de rencontrer sa fille mais il avait aussi peur, peur de la réaction de la fillette. Lorsqu’ils arrivèrent devant la maison des parents de Maxime, il avait inconsciemment voulu faire demi-tour, il avait voulu s’endormir, et se réveiller deux semaines en arrière, retrouver sa vie d’avant. Mais il entendit des rires d’enfants qui provenaient du jardin. Il contourna la bâtisse en pierre et…

  … et c’est là qu’il la vit.
  … et c’est là qu’elle le vit.

  -Bonjour monsieur, déclara-t-elle avec toute son assurance, je m’appelle Nora !
  -Bonjour… répondit Gregory ému.
  -Vous voulez jouer avec moi ? Adrien et Elen ils sont toujours occupés alors ils ne veulent jamais jouer avec moi…
  -Je… Oui, pourquoi pas.
  La fillette prit alors sa main et le conduisit à quelques mètres de là, au pied de la mer. Elle portait une marinière, un petit short bleu foncé et des bottes en caoutchouc jaune, deux fois trop grandes pour elle. Ses cheveux châtains clairs étaient soulevés par la brise et Gregory put sentir que ses mains étaient couvertes de sable.
  -Vous devez m’aider à trouver des petits cailloux. Des jolis hein ! C’est pour mettre dans l’aquarium de Bubulle. Bubulle c’est mon poisson rouge, il faudra que je vous le présente, dit-elle tout en fouillant le sable.
  -Adrien et Elen, ce sont tes parents ? se risqua à demander Gregory en s’accroupissant pour imiter sa fille.
  -Non, eux ils s’occupent juste de moi. Mon papa et ma maman, je ne les ai jamais vus. Mais Adrien et Elen, ils ont dit qu’un jour ils viendraient me chercher. Des fois la nuit, je rêve qu’ils sont là et puis le matin quand je me réveille, je suis toute triste.
  Gregory prit alors les deux mains de Nora et plongea son regard dans le sien. Sa fille avait exactement ses yeux, ils étaient exactement du même bleu, comme le bleu de  l’immense étendue d’eau qui se trouvait devant eux.
  -Nora, je suis venu te chercher. Prononça Gregory lentement comme pour savourer l’instant.
  -Vous… vous êtes mon papa ? bafouilla-t-elle.
  -Oui, je suis ton papa. Répondit-il en souriant comme jamais il n’avait souri.
  Nora se jeta alors à son cou. Gregory se leva et la fit tournoyer avec lui. Il était heureux. Ils étaient heureux.

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Chapitre 22.Sat, 28 Aug 2010 15:27:00 +0200Sat, 28 Aug 2010 15:27:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-22-3032884.htmlAufilduclavier  

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  Gregory tenait la photo entre ses doigts et essayait de comprendre. Margaret était morte le 20 Mars 2007, la petite fille sur la photo n’était pas celle qu’il avait élevée. Se pourrait-il que ce soit la vraie Nora ? C’en était trop pour lui, il était détective certes mais tous ces rebondissements lui faisaient perdre la tête, il ne savait plus à quoi, à qui se fier. Alors il prit la plus des sages des décisions, ce qu’il aurait du faire il y a quelques jours, lorsque Mattew lui avait amené sur un plateau la piste de Peter. Il se rendit au commissariat.

  Mattew qui était déjà sur place avait détaillé toute la situation aux agents de police qui venaient de l’interroger. Maxime avait reconnu tous les faits qui lui étaient reprochés, c’était maintenant au tour de Gregory d’entrer en scène.
  Il lança sans un mot la photo sur le bureau du policier. Ce dernier connaissait bien Gregory, pour avoir déjà tenté en vain de le raisonner sur ses méthodes parfois douteuses en matière d’investigation. Il regarda la photo attentivement puis demanda à Mattew en la plaçant sous ses yeux :
  -C’est votre fille Molly ?
  -Non, je… bredouilla-t-il en jetant un regard incompréhensif à Gregory, je ne sais pas qui est cette petite fille !
  -Je l’ai trouvée dans les affaires de ma femme, expliqua Gregory, elle était cachée dans une vieille boîte à musique. Elle était accompagnée d’un papier où il y a simplement écrit « Nora, Mars 2007, île de Batz, Bretagne ».
  -Vous pouvez confirmer qu’il ne s’agit pas de Molly ?
  -Evidemment, je n’ai peut-être pas vu ma fille jusqu’à ses quatre mois mais ensuite j’étais là, je peux vous montrer des photos de No… de Molly à deux ans. Et puis quel intérêt aurait eu Margaret à cacher cette photo si c’était bien Molly dessus ?
  -Qu’en déduisez-vous ?
  -Je…
  Mais il fut coupé par Alice qui lui sauta au cou. Apparemment la jeune femme avait été mise au courant de l’arrestation de son mari et semblait effondrée.
  -Je suis désolée Gregory, si tu savais, tellement désolée, dit-elle en pleurant, Maxime était paniqué, il ne savait pas quoi faire.
  -Tu étais au courant ?!! cria-t-il en la secouant.
  -Je…
  -Tu étais au courant et tu ne m’as rien dit !
  -Maxime m’a tout avoué le jour où Margaret est morte, il était atterré… Bien sûr que j’ai d’abord pensé à t’en parler, mais en y réfléchissant, je n’avais pas la force de briser le silence. Trop de personnes en auraient souffert : Toi pour commencer et puis Molly, Nora,…
  -Nora !! répéta-t-il en plongeant ses yeux dans les siens. Tu parles de ma fille, ma vraie fille ?
  -Je… non…enfin…qu’est-ce que…qu’est-ce Maxime vous a dit ? bafouilla-t-elle.
  -Il nous a dit qu’elle était morte ! Alice bon sang ! Si tu sais quelque chose parle ! Tu es complice d’un enlèvement même si tu n’y as pas participé, tu vas être jugée, et je suis persuadé que rétablir la vérité pourra jouer en ta faveur lors de ton procès. N’est-ce pas ?
  -Votre ami a raison, affirma le policier, vous pourriez certainement réduire votre peine.
  Alice hésita quelques instants puis, tout comme l’avait fait son mari plutôt dans la matinée, elle tira une chaise vers elle, s’assit et raconta tout ce qu’elle savait.

  -Le 16 mai 2005, à 18 heures, Peter a téléphoné à Maxime, alors qu’il creusait un trou pour y enterrer Nora, le sac poubelle qu’il avait placé près de lui s’était mis à bouger. Il l’avait rouvert et avait constaté que Nora respirait, qu’elle bougeait ses petits doigts… Il ne savait plus quoi en faire, il ne pouvait pas la rendre à Margaret, elle avait déjà un nouveau bébé et il ne pouvait pas rendre ce nouveau bébé à ses parents… c’était impossible, trop risqué… Il voulait que Maxime l’aide à s’en sortir. Mon mari a accepté, ils se sont rencontrés dans le cabinet de Maxime à l’hôpital. Nora semblait en forme, il l’examina et ne constata pas de dégâts apparents. Il ne s’explique toujours pas comment il a pu croire que Nora était morte. Je pense qu’il était paniqué, qu’il ne savait pas vraiment ce qu’il faisait… Toujours est-il que Nora était bel et bien en vie et qu’il fallait trouver un moyen de la cacher. Alors il l’a amenée chez ses parents en Bretagne…
  -L’île de Batz… murmura Gregory qui semblait reconstruire les morceaux du puzzle au fur et à mesure que les mots sortaient de la bouche d’Alice.
  -Oui, sur l’île de Batz… reprit-elle. Ses parents y possèdent une petite maison perdue au milieu des rochers. Il l’a laissée là-bas. Ses parents étaient au courant de tout, ils ont accepté sans hésiter de garder Nora avec eux. Ils se sont occupés d’elle, l’ont nourrie, éduquée… Maxime lui rendait visite tous les six mois. A un an et demi, la fillette a montré des symptômes étranges : elle était tout le temps fatiguée, dormait mal, vomissait fréquemment… Maxime s’inquiétait alors il a fait faire des tests : prise de sang, test d’urine… Et il s’est avéré qu’elle souffrait d’une insuffisance rénale à un stade plutôt avancé. Il a alors installé un système de dialyse chez ses parents, vous savez, une sorte de machine pour filtrer le sang… Il savait que cette solution n’était que provisoire, qu’elle aurait tôt ou tard besoin d’un nouveau rein… Mais il ne pouvait pas l’inscrire sur une liste d’attente dans le but de recevoir un greffe, elle n’avait pas d’identité officielle, pas de parents, pas d’acte de naissance, aucune assurance… Son dernier espoir, c’était Margaret. Le 20 Mars, il a demandé à Margaret de venir à la maison et lui a tout expliqué : que sa fille avait besoin d’elle, qu’il fallait qu’elle accepte de lui donner un de ses reins… Mais Margaret n’y croyait pas, alors il lui a montré la photo… Maggie est devenue folle de rage, elle disait qu’elle ne pouvait pas, qu’elle avait sa famille, que la petite fille sur la photo n’était pas Nora, que sa Nora à elle, elle était là, assise par terre. Alors il l’a poussée violemment contre le mur pour lui faire entendre raison mais elle ne voulait rien savoir. Nora s’est mise à hurler, je pense que c’est cet épisode qu’elle a gardé en mémoire, elle doit penser que Maxime a tué sa maman, sans se souvenir de son visage…
  Elle s’arrêta quelques secondes pour reprendre sa respiration.
  -Elles sont rentrées chez elles et quelques heures plus tard, tu téléphonais en larmes pour nous dire que Margaret s’était donné la mort. C’est là qu’il m’a tout raconté…
  -Est-ce que Nora…
  -Oui, le coupa-t-elle, oui, Nora est toujours en vie. Nous avons mis quelques semaines à nous remettre de la disparition de Margaret et puis il nous a fallu réfléchir au moyen de sauver Nora. Son état se détériorait de jour en jour, si nous ne faisions rien, elle allait s’éteindre à petit feu. Nous avions effectué des tests afin de déterminer si lui ou moi étions compatibles avec Nora. Mais les résultats étaient négatifs. Finalement, c’est Maxime qui a trouvé comment on allait s’en sortir. Un matin, alors qu’il était entré en salle d’opération pour greffer le rein d’un mort à un petit garçon, il constata que le rein en question aurait pu sauver la vie de Nora. Tout correspondait, c’était le rein parfait. Alors juste avant que son équipe n’ouvre l’enfant, il expliqua qu’il y avait un problème avec le rein, qu’il était complètement abîmé, que l’opération ne pouvait pas avoir lieu. Et il fit clandestinement venir Nora dans son hôpital le jour-même et lui greffa le rein. C’était en Novembre 2005. Depuis, Nora est en parfaite santé.
  -C’est tout ce que vous avez à nous dire ? demanda l’agent. Rien d’autre à ajouter ? C’est le moment, après il sera trop tard.
  -Le jeune homme que tu as rencontré dans le TGV, dit-elle en se tournant vers Gregory qui avait le regard dans le vide, Florian, Maxime l’avait engagé pour te suivre et tuer Peter si tu le retrouvais…
 
  Gregory alla s’aérer dehors. Au cours de ses deux dernières semaines, sa vie avait pris une tournure inattendue, les questions s’étaient multipliées et aujourd’hui, elles venaient de toutes trouver leur réponse. Il ne savait plus s’il devait être heureux ou triste, d’ailleurs il ne ressentait plus rien. Il n’était focalisé que sur une chose, rencontrer Nora.

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Chapitre 21.Fri, 27 Aug 2010 17:23:00 +0200Fri, 27 Aug 2010 17:23:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-21-3032642.htmlAufilduclavier  

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  Dans l’appartement de Mattew et Clarence, la vidéo de la caméra de surveillance venait de s’arrêter mais les trois paires d’yeux étaient encore rivées sur l’écran de télévision. Ce qu’ils avaient vu était hallucinant mais pas que. C’était également effrayant. Voir une mère tuer sa propre fille et la remplacer par une autre, c’était plus qu’un crime, c’était une abomination. Gregory ne pouvait nier l’évidence, les images parlant d’elles-mêmes, son bébé était mort. Mort. Abattu par la main de sa douce et tendre, sa femme qu’il avait toujours connu pleine d’innocence et de naïveté, sa femme qui avait gardé son âme d’enfant jusqu’au jour où elle avait elle-même décider de se l’arracher, sa femme qu’il aimait. Sa femme qu’il ne connaissait pas.
  Clarence pleurait en silence, son mari était parti dans la cuisine pour dissimuler ses larmes et Gregory appela Molly qui jouait sagement dans la pièce d’à côté. Il prit la fillette dans ses bras et la serra le plus fort possible contre lui. Ses cheveux châtains sentaient le shampooing, un doux mélange entre l’abricot et la pêche qui l’apaisa. « Je t’aimerai toujours ma chérie. Toujours, je te le promets » susurra-t-il au creux de son oreille et Molly lui répondit en passant ses bras autour son cou.
  -Il faut que j’aille rendre visite à Tatie Alice, expliqua-t-il à la petite fille, tu vas rester ici avec les Smith, d’accord ? Je veux que tu sois sage avec eux.
  -Je vous accompagne. Déclara Mattew. Clarence veillera sur Mo… sur Nora. Se rattrapa-t-il.
  -Bien, on prend votre voiture dans ce cas.

  Respectant à moitié les limitations de vitesse et la signalisation, Mattew conduisit en suivant les indications de Gregory dont la rage montait au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient du domicile des Metayer. Lorsqu’ils se garèrent devant la maison, Gregory constata avec une joie non dissimulée que la voiture de Maxime était dans le garage. Le détective ne prit pas la peine de sonner, il entra directement et chercha Maxime. Ce dernier se trouvait dans la cuisine, il lisait le journal et buvait son café.
  Quand il aperçut Gregory, il avala de travers et renversa sa tasse sur sa chemise. Il n’eut pas le temps de questionner le détective sur la raison de sa visite que celui-ci le plaqua contre le mur et plaça son avant-bras sous son cou. Maxime suffoqua jusqu’à ce que Mattew intervienne, le libérant de son étreinte.
  -Comment t’as pu faire ça ?! Hurla Gregory. Comment ?!
  -Je…Je ne sais pas de quoi tu parles. Prononça Maxime d’une voix tremblante.
  -Joue pas à ça avec moi Maxime ! On a tout vu bordel ! On t’as vu foutre Nora dans un sac en plastique ! Je te jure que si tu ne nous dis pas exactement ce qu’il s’est passé, je vais voir les flics. J’ai la vidéo de la caméra de surveillance installée chez moi, n’importe quel juge t’enverra en taule !
  Maxime tira vers lui une chaise et s’assit, larmoyant.
  -Un après-midi, Margaret a téléphoné à la maison, c’est moi qui ai décroché, elle semblait complètement paniquée, elle était incompréhensible, elle parlait tout en criant… Je lui ai demandé de se calmer, de m’expliquer la situation. C’est là qu’elle m’a avoué avoir secoué Nora pour la faire taire, elle m’a dit qu’elle ne bougeait plus, qu’elle ne savait pas quoi faire. Alors j’ai foncé chez vous dans un état second. J’ai vu Nora immobile dans le landau, il ne m’a fallu que quelques secondes pour la déclarer morte. Margaret était mon amie, elle m’a supplié de ne rien te dire, elle avait peur, elle savait que si tu étais mis au courant, tu t’enfuirais. Elle m’a parlé d’un homme qu’elle avait rencontré en Angleterre, un homme qu’elle savait prêt à tout pour de l’argent. Elle l’a appelé devant moi, lui a clairement fait comprendre qu’elle avait besoin d’un bébé d’environ deux mois. Il n’a pas cherché à décliner l’offre, il a dit qu’il prenait immédiatement un vol pour venir en France, qu’il avait déjà une idée de comment récupérer un nourrisson. Et puis je suis parti après avoir donné quelques somnifères à Margaret pour qu’elle dorme le temps qu’il arrive.
  -Et ensuite ! cria Mattew. T’as enlevé Molly avec Peter c’est ça ?!
  -Non. Répondit-il en baissant les yeux. Ensuite je suis rentré chez moi. Vers 18h, votre frère m’a appelé pour me dire qu’il avait remplacé Nora, par votre fille et qu’il avait enterré le bébé mort quelque part.
  -Où ?!
  -Je n’en sais rien je vous le jure…
  -Pourquoi tu ne m’as rien dit quand Margaret s’est tuée ?!
  -Parce que je risquais d’être rayé de l’ordre des médecins ! J’étais plus ou moins complice d’un infanticide ! Et puis Margaret m’avait fait promettre de ne jamais rien dire, elle avait été très claire, même si elle venait à disparaître un jour, je devais rester muet. Ce que j’ai fait, je l’ai fait aussi pour toi Gregory. Si tu avais su que Maggie avait tué Nora, tu aurais été anéanti…
  -Parce que tu crois que je ne le suis pas ?! Mattew, appelez les flics s’il-vous-plaît, qu’ils viennent arrêter ce connard.
  -Mais tu as dit que tu ne préviendrais pas la police ! supplia Maxime.
  -J’ai dit que je la préviendrais si tu ne parlais pas, je n’ai jamais dit que je ne la préviendrais pas si tu parlais.

  D’une démarche lente et lourde, Gregory rentra chez lui à pieds. A quelques rues de la maison de Maxime, deux voitures de police avec leurs sirènes hurlantes passèrent à toute allure devant lui. S’il avait pu, il aurait frappé Maxime jusqu’à ce que mort s’en suive, il l’aurait mis dans un grand sac poubelle et l’aurait enterré dans un bois. La rage qu’il avait toujours en lui s’extériorisa dans son appartement. Il renversa des meubles, cassa de la porcelaine, c’était complètement futile, il le savait, mais à ce moment précis, il n’avait pas à jouer à l’homme fort et raisonnable. Quand toutes les assiettes se retrouvèrent sur le sol, il se stoppa net, observa son propre désastre et ne sembla en tirer aucune satisfaction. Alors il courut dans sa chambre et revint dans le salon avec la boîte à musique de Margaret. C’était la dernière chose qu’il avait gardé d’elle. La première année, il avait conservé tous ses vêtements, pour pouvoir disait-il « respirer son odeur ». Mais ses habits avaient progressivement perdu cette odeur tant désirée pour ne plus sentir que le renfermé. Alors il avait tout donné à une association caritative.
  La boîte à musique dans les mains, il leva les bras le plus haut possible et la jeta par terre de toute ses forces si bien que la moindre cellule de ses muscles n’était plus destinée qu’à une tâche : réduire en mille morceaux l’ultime bien de la défunte, de la tueuse.
  La petite danseuse au centre émit sa douce mélodie dans le vide, quand sous la pression de l’air la boîte s’était ouverte. Puis quand le bois noir vint percuter le parquet, éclatant en nombreux fragments qui se disséminèrent dans un rayon de quatre mètres dans le salon, elle fut décapitée. L’alliance de Gregory roula sous le canapé comme pour éviter que le jeune homme ne décide de la détruire elle aussi.
  Il se pencha pour ramasser les débris et vérifier que malgré le fait que la majeure partie du bois soit restée soudée, la boîte était inutilisable.


  Jamais deux sans trois. Derrière le velours rouge déchiré, un papier semblait avoir été caché. Jamais deux sans trois. Gregory passa son doigt dans le trou du tissu pour l’extraire. Jamais deux sans trois. C’était une feuille pliée en quatre. Jamais deux sans trois. Lorsqu’il l’ouvrit, une photo tomba à ses pieds. Jamais deux sans trois. On y voyait une petite fille allongée sur un lit. Jamais deux sans trois. Gregory lu les quelques mots qui étaient inscrits sur la feuille. Jamais deux sans trois. « Nora, Mars 2007, île de Batz, Bretagne ». Jamais deux sans trois. La fillette sur la photo n’était pas Molly. Jamais deux sans trois. La vie de Gregory avait déjà basculé deux fois. Elle venait de le faire une troisième.

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Chapitre 20.Thu, 26 Aug 2010 23:49:00 +0200Thu, 26 Aug 2010 23:49:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-20-3032305.htmlAufilduclavier  
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  En haut, à droite de la vidéo, la date affichée correspondait au jour de l’enlèvement de Molly : 16.05.05. Les premières minutes montraient Margaret et Nora dans son landau, rentrant très probablement d’une promenade, tout ce qu’il y a de plus normal. Sur les images suivantes en revanche, on voyait Margaret, ouvrir une bouteille de whisky et s’en servir un verre, puis deux, puis trois, pour finalement boire à la bouteille. La jeune s’installa ensuite devant la télévision du salon, regardant le jeu télévisé diffusé sur une grande chaîne privée. Mis à part les quelques mouvements de Margaret, l’image resta fixe pendant près d’un quart d’heure.
  Puis tout d’un coup, elle se leva et sembla crier. Elle tituba complètement ivre jusqu’au landau. Elle prit Nora qui pleurait dans ses bras et tenta de la calmer par des gestes violents. D’abord en lui tapotant le visage puis en essayant de maintenir sa petite bouche de bébé fermée.
  Nora hurlait de plus belle tout comme Margaret qui finit par attraper sa fille à bout de bras et la secouer pour qu’elle se taise. Gregory, Mattew et Clarence ressentaient à ce moment là un profond malaise, comme si au fond d’eux, ils savaient déjà ce qui allait arriver. Le syndrome du bébé secoué. Tout le monde en avait entendu parler, de nombreux scandales déjà avaient éclaté, de nombreux bébés étaient morts…
  Les secousses s’intensifièrent jusqu’à ce que Nora arrête tout mouvement. Margaret parut ravie du silence qui régnait à nouveau dans son appartement, mais quand elle reposa sa fille dans son landau, elle sembla prendre conscience que quelque chose n’allait pas. Elle câlina Nora dans le but de la stimuler mais rien. Elle souleva ses paupières, posa sa tête sur son thorax dans l’espoir d’y percevoir un battement, mais elle était saoule, elle avait les oreilles qui sifflaient, elle était incapable de dire si sa fille était encore en vie.
  Elle courut vers le téléphone, composa un numéro, parla quelques secondes et raccrocha.
  Une dizaine de minutes plus tard, un homme apparut à l’image. Le sang de Gregory se glaça. Maxime se précipita vers le landau affolé, il examina Nora en tremblant, des larmes perlaient sur son visage. Il se dirigea vers la cuisine tout en parlant à Margaret qui s’effondra, elle ne cessait de pleurer, de hurler. Maxime fouilla les tiroirs et lorsqu’il trouva un sac poubelle, il y plaça le bébé.
  Il tenta ensuite de calmer Margaret, la serra dans ses bras pendant plusieurs longues minutes. La jeune femme finit par retrouver ses esprits et passa larmoyante un autre appel.
  Maxime s’éclipsa après avoir donné des cachets à Margaret et avoir attendu qu’elle s’endorme.
  Mattew passa en mode « avance rapide » jusqu’au moment où ils virent la jeune femme se lever du canapé et aller ouvrir la porte d’entrée. Ce fut alors au tour de Peter d’entrer en scène. De Peter et de Molly. Gregory avait eu envie de transpercer l’écran et de devenir lui aussi acteur, de stopper sa femme complètement folle et d’empêcher que ce drame ne vienne voler la vie d’une seconde petite fille.
Mais il assista impuissant à la scène.
  Peter donna Molly à Margaret qui semblait avoir évacué la plus grande partie de l’alcool qui circulait dans son sang et embarqua avec lui le sac poubelle.
  La suite n’avait rien de particulier, c’était sans doute ça le pire. La vie reprenait son cours comme si les épisodes des dernières heures avaient disparu.
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Chapitre 19.Thu, 26 Aug 2010 22:36:00 +0200Thu, 26 Aug 2010 22:36:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-19-3032281.htmlAufilduclavier  

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  Comme pour mimer les larmes qui auraient du s’écouler des yeux de Gregory, les nuages avaient délivré sur la ville des milliards de petites gouttes d’eau qui venaient mourir sur le jeune homme.
  « Ce qui ne tue pas rend plus fort » disait Nietzsche mais outre la démence dans laquelle il avait été plongé les dix dernières années de sa vie, il n’avait sans doute pas retrouvé sa femme morte dans son salon ou appris que la petite fille qui illuminait sa vie n’était pas la sienne. Le suicide de Margaret l’avait presque anéanti, jamais il n’était devenu plus fort, et aujourd’hui, on venait de l’achever.
  Il errait dans les rues de Bordeaux depuis trois heures environ, sans réel but à atteindre, sans trajet prédéfini, il marchait sous la pluie comme si chaque pas qu’il faisait parvenait à lui enlever un petit morceau de souffrance, il concevait sa propre chimiothérapie, il détruisait progressivement les cellules oncotiques. Mais des pas, il n’en ferait jamais assez.
  Trempé jusqu’à la moelle, il rentra chez lui sans savoir ce qu’il allait y trouver : un appartement vide, sans Nora ? C’est ce qu’il redoutait le plus : qu’on lui ait arraché sa fille qui n’était plus tout à fait sa fille en son absence. Mais alors qu’il était encore dans la cage d’escalier, Clarence se présenta devant lui. Elle plongea ses yeux dans les siens. Il y voyait floue, la pluie acide lui piquait les yeux. Et sans qu’il s’y attende, elle le prit dans ses bras. La chaleur humaine le réchauffa quelques instants et lorsqu’elle s’écarta, il frémit. Elle murmura qu’elle était désolée « Pardon d’avoir chamboulé toute votre vie ». Au fond, Gregory savait qu’elle n’avait pas besoin de s’excuser, elle n’était en rien responsable, on lui avait volé son bébé, elle le retrouvait petite fille, c’est elle qui aurait du accorder son pardon.
  Clarence le conduisit dans sa salle de bain et lui ramena des vêtements secs. Gregory enfila un jean et un tee-shirt, peut-être bien l’avait-il mis à l’envers. Quand ses cheveux ne ruisselèrent plus, il alla rejoindre les parents de Molly dans le salon.
  Clarence et Mattew se jetaient des regards inquiets, et lorsque Mattew se décida à entamer le dialogue, tous deux craignirent la réaction de Gregory.
  -Monsieur Laurent, il faut que vous compreniez que nous ne voulons en aucun cas précipiter les choses. Bien sûr, nous voulons récupérer Molly à plus ou moins long terme mais sachez que jamais nous n’envisagerons de vous priver de Molly. Vous pourrez venir la voir quand vous le souhaiterez, vous serez en quelque sorte un ami de la famille…
  -Oui exactement, poursuivit Clarence, nous voulons faire ce qu’il y a de mieux pour Molly, vous l’arracher n’est pas la bonne solution, nous allons vivre une véritable adoption, il faut préparer le terrain, construire des liens…
  -Il ne faudra d’ailleurs pas tarder à aborder le sujet avec elle, lui expliquer avec des mots d’enfants nos histoires d’adultes. Ajouta Mattew.
  -Et pour lui dire quoi ? interrogea Gregory qui sembla interrompre un texte répété et appris par cœur. Que je ne suis pas son père, que sa maman n’était pas sa maman… Elle ne l’était pas rassurez-moi ?!
  -Non Non ! Bien sûr que non ! s’exclama Mattew.
  -Lui dire que je ne comprends pas ? Que j’ai moi-même assisté à la venue au monde de ma petite fille ? Que je ne sais pas où est cette petite fille mais que ce n’est pas elle ? Un enfant, ça a toujours des milliers de questions à poser, et même si Nora n’est pas comme tous les enfants, elle en aura forcément, et moi, je n’aurai aucune réponse. Attendons de voir ce que contenaient les affaires de Peter, peut-être qu’elles nous aideront à comprendre.

 
  Et effectivement, deux jours plus tard, Clarence appela Gregory pour le prévenir qu’un grand carton avait été livré chez eux. Tous les trois déballèrent les affaires de Peter telles des reliques, inspectant sous tous les angles le moindre objet même le plus insignifiant. Entre les paquets de cigarettes, les briquets, les chaussettes célibataires, les quelques tee-shirts souillés d’alcool et les trois livres qui avaient atterri là dieu seul sait comment, un mini dvd placé dans un étui en plastique attira leur attention.
  Avec l’accord de Mattew, Gregory alluma la télévision de leur salon et plaça le dvd dans le lecteur. La vidéo qui apparut sur l’écran dépassa tout ce qu’ils n’avaient jamais pu imaginer.

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Chapitre 18.Thu, 26 Aug 2010 18:58:00 +0200Thu, 26 Aug 2010 18:58:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-18-3032207.htmlAufilduclavier 
  Depuis que l’enveloppe était partie s’étaient écoulés trois jours. Il était donc possible que le résultat du test de paternité arrive avec le courrier d’aujourd’hui. Mattew et Clarence s’étaient invités chez Gregory dans l’attente du facteur, tous les deux craignant que le détective n’enlève Nora une seconde fois selon le verdict. Et Gregory ne pouvait pas nier qu’il y avait déjà pensé. Cette idée lui trottait dans la tête depuis qu’ils avaient été dans l’avion pour rentrer en France. S’enfuir n’aurait pas été laborieux, il connaissait toutes les ficelles des fugueurs pour les avoir lui-même déjouées, il savait exactement ce qu’il fallait faire et ce qu’il ne fallait faire sous aucun prétexte. Mais une vie de cavale n’était pas faite pour Nora, ils seraient partis à l’étranger, auraient occupé une chambre d’hôtel différente chaque semaine, la petite fille aurait été déscolarisée, arrachée à ses derniers repères. Et puis financièrement, c’était plus qu’impossible, l’argent de Margaret était presque épuisé et il était certain que Mattew ne le paierait pas s’il ne lui rendait pas son enfant.
  Clarence avait pris Nora sur ses genoux, comme pour l’habituer à sa présence, comme pour l’éloigner progressivement de Gregory. Ce dernier et son mari guettaient le facteur par la fenêtre, croisant les doigts pour qu’une lettre en provenance du laboratoire soit dans sa fourgonnette.
  Nora semblait ressentir l’atmosphère pesante qui flottait dans l’appartement, avec ses yeux d’enfants, elle observait son père qui essayait de lui dissimuler son inquiétude sans aucun résultat. Clarence qui avait perçu la tension de Nora chercha à détourner son attention en jouant avec elle, mais ni les peluches, ni les poupées, ni même la télévision ne parvenaient à la distraire. Presque résignée, elle tenta tout de même de lui chanter une comptine.
  -Ferme tes jolis yeux
   Car les heures sont brèves…
 
  Nora sembla montrer de l’intérêt pour la chanson et plongea son regard dans celui de Clarence.
  -…Au pays merveilleux
   Au doux pays des rêves, continua la jeune femme.
   Ferme tes jolis yeux
   Car tout n’est que…
  -Mensonge. La coupa Nora. Le bonheur est un songe. Ferme tes jolis yeux.
  Mattew et Gregory qui s’étaient retournés en même temps fixèrent Nora avec des yeux ébahis.
  -Comment connais-tu cette berceuse ? lui demanda Clarence en lui prenant les mains.
  -Je la connais c’est tout, pourquoi, c’est mal ?
  -Non non bien sûr mon cœur, et puis tu as une très jolie voix.
  -Nora, file dans ta chambre tu veux bien ? lui ordonna Gregory écœuré par la complicité qui semblait naître entre elle et sa possible mère biologique.
  Nora obéit au plus grand désespoir de Clarence et Mattew pour lesquels le fait que la fillette connaisse la chanson n’était pas le fruit du hasard.
  -Je la chantais à Molly pour qu’elle s’endorme. Expliqua Clarence.
  -Et alors, s’énerva Gregory, Margaret aussi chantait pour que Nora s’endorme ! Ca ne veut absolument rien dire. Arrêtez de voir des signes là où il n’y en a pas ! Et puis arrêtez de vous pavaner comme si vous aviez gagné, et même si c’est le cas, essayez d’imaginer dans quelle situation je me trouve. Je vais peut-être apprendre que Nora n’est pas fille, je vais peut-être perdre la seule chose qui me retient à la vie ! Merde à la fin ! Ca sera sûrement le plus jour de votre vie mais ça sera aussi le pire de la mienne alors par pitié, ne m’envoyez pas votre bonheur en pleine gueule !
  Le couple n’avait pas riposté, ils comprenaient la détresse de Gregory, se sentaient honteux et égoïstes mais ne parvenaient pas à faire se volatiliser le sourire qui était apparu aux coins de leurs lèvres. Quand Mattew avait appris la nouvelle à Clarence, elle lui avait sauté au cou, ils avaient ouvert une bouteille de champagne achetée en vitesse pas Mattew avant de rentrer chez lui, et avait passé la soirée sur leur balcon à ressasser tous leurs souvenirs de Molly. C’était comme si le voile qui flottait au-dessus eux depuis bientôt cinq s’était envolé.

  Aux alentours de dix heures, une voiture jaune avec le logo « la Poste » se gara devant l’immeuble. Gregory et Mattew dévalèrent les escaliers et le facteur n’eut pas le temps de déposer le courrier dans la boîte aux lettres que   Gregory lui arrachait le paquet des mains. Mattew s’excusa pour lui et observa le détective décacheter l’enveloppe blanche. Dedans, deux feuilles pliées en trois donnèrent des frissons aux deux hommes. Gregory en attrapa une et la lu à voix haute.
  -Monsieur Laurent, nous vous remercions encore de la confiance que vous nous accordez. Nous avons eu la chance de collaborer avec vous à de multiples reprises et avons souhaité vous montrer notre reconnaissance en faisant passer votre dossier en priorité. C’est ainsi que nous pouvons vous envoyer les résultats après seulement 3 jours.
Recevez Monsieur nos salutations les plus distinguées.
Antoine Lamarte, directeur du laboratoire.
PS : nous espérons que les résultats apporteront une bonne nouvelle à votre client.

  Tremblant plus que jamais, Gregory s’empara de la seconde feuille. De nombreuses données plus ou moins incompréhensibles pour le commun des mortels se battaient en duel.
  Les tests de paternité étaient basés sur la comparaison entre de petites chaînes d’ADN appelées microsatellites, ne codant aucuns gènes mais qui étaient répétées un nombre de fois propre à chaque individu et transmis par les parents.  Ainsi, en examinant la taille de ces microsatellites, il était simple et sûr de déterminer une éventuelle filiation.

  Gregory lu les différents processus utilisés pour effectuer le test puis arriva au moment fatidique du résultat.
  -Basé sur l’analyse de l’ADN, MATTEW SMITH n’est pas exclu être le père biologique de l’enfant, NORA LAURENT, parce qu’ils partagent tous les allèles dans tous les locus analysés. La Probabilité de Paternité est de 99,99%.
  -Qu’est-ce que ça veut dire « n’est pas exclu » ?!!! demanda Mattew.
  -Ca veut dire que vous êtes le père de Nora. Il y a deux réponses possibles pour un test « est exclu » ou « n’est pas exclu ». répondit Gregory en serrant ses bras autour de sa tête.
  -Je suis le père de Nora !!! Je veux dire de Molly !! Mon dieu !! Clarence !! hurla-t-il. Clarence ! C’est bien Molly !!
  Il remonta dans l’appartement en laissant Gregory en bas. Ce dernier ne ressentait plus rien. Il était vide. Il aurait pu éclater en sanglots, mais ses yeux étaient secs. Il aurait pu frapper le mur, mais il n’avait plus de force. Il aurait pu se tuer, mais il n’était déjà plus en vie. Alors il poussa la grande porte en bois qui le séparait de l’extérieur, la lumière du jour l’aveugla et il marcha. Il marcha jusqu’à l’épuisement.

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Chapitre 17.Wed, 25 Aug 2010 22:32:00 +0200Wed, 25 Aug 2010 22:32:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-17-3031928.htmlAufilduclavier

 

http://molly.cowblog.fr/images/image/testadn301-copie-1.jpg


  Gregory et Mattew avait été placés dans une chambre pour se remettre de leurs émotions. Les docteurs de l’hôpital s’étaient inquiétés de leur état, allant même jusqu’à se demander s’ils n’avaient pas subi une intoxication en mangeant quelque chose à la cafétéria ou bien si l’air contenait une substance nocive.
  Mary l’infirmière avait mis fin à leurs interrogations en leur révélant l’existence de la page du carnet et en leur expliquant qu’elle devait contenir quelque chose de très important. Ceci ne nécessitant aucun soin particulier, ils avaient laissé les deux hommes à leur sort, les réprimandant à moitié pour les troubles qu’ils avaient involontairement causés.

  Gregory revivait des sensations qu’il avait déjà connues, après le suicide de Margaret, son univers s’était écroulé et il l’avait plus ou moins reconstruit avec les petits morceaux de bonheur  qu’il avait partagés avec Nora. La fameuse page du petit carnet l’avait refait exploser tel un second Big Bang et il n’était pas sûr que comme le premier l’avait fait il y a plus de treize milliards d’années, celui-ci aboutisse à la naissance d’un nouveau monde. Car le monde de Gregory n’existait plus. Sa propre identité venait de lui être volée. Il n’avait jamais connu son père, sa mère ne l’aimait pas et il ne l’aimait pas non plus, il n’avait aucune famille. Sa vie, il l’avait créée de toutes pièces avec sa femme et sa fille. Mais sa femme était morte, et désormais, sa fille n’était plus vraiment sa fille. Comment avait-il pu ne pas s’en rendre compte ? Comment un père pouvait-il avoir été si aveugle ? Des milliers de questions tournaient en boucle dans son esprit. Parmi elles, la plus malsaine de toutes tentait de s’imposer face aux autres : celle de l’espoir. Et si Peter ne parlait pas de sa Nora à lui ? Mais la coïncidence était énorme, quelle probabilité y avait-il pour que le père de Molly aille demander de l’aide à un détective lui-même père d’une fillette s’appelant Nora ? Quelle probabilité y avait-il pour que les deux petites filles aient le même âge ? Quelle probabilité y avait-il pour la femme du détective se soit suicidée sans raison apparente ? Gregory s’efforçait de se rendre à l’évidence : Nora n’était pas sa fille et sa vie était bâtie sur un mensonge.

  Contrairement à Gregory dont les yeux exprimaient un profond désespoir, ceux de Mattew rayonnaient de bonheur. Depuis l’enlèvement de Molly, il n’avait jamais ressenti cette plénitude qui l’envahissait désormais, il se remémorait chaque seconde où il avait été en présence de Nora, focalisait son esprit sur son visage, parvenait même aussi absurde soit-il à y déceler le sourire de sa mère. Et justement, Mattew pensait également à Clarence, il s’imaginait lui annoncer la nouvelle, voir ses yeux briller à son tour. Enfin, son esprit, mettait en scènes leur retrouvaille avec Molly : ils étaient dans un champ de narcisses, lorsque Molly les vit, elle courut pour les rejoindre et sauta dans les bras de Clarence, elle l’appela « maman ».

  Les deux hommes ne s’étaient pas adressé la parole depuis leurs malaises respectifs. Gregory fuyait le regard de Mattew, craignant une confrontation où il n’aurait pas su quoi dire.
  Mattew finit par briser la glace et il simula une sorte de gêne pour étouffer son excitation.
  -Bon… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda-t-il.
  -Un test. On fait un test de paternité. Répondit Gregory sans détourner ses yeux de la fenêtre.
  -Ici ?
  -Comment ça ici ?!
  -On fait le test à l’hôpital ?
  -Non bien sûr que non ! s’exclama Gregory en se tournant vers lui. Comment voulez-vous qu’on fasse un test nécessitant l’ADN de Nora sans Nora ? On ne va quand même pas se faire envoyer une mèche de cheveux ici !
  -Excusez-moi d’avoir posé la question mais mettez-vous à ma place !
  -Et vous à la mienne !! Je ne comprends plus rien, ok ?! Plus rien ! Alors on va rentrer en France et faire le test. Selon la réponse, on verra ce qu’on fera.
  -Ne devrait-on pas prévenir la police ? Cette affaire nous dépasse tous les deux, Peter en est mort…
  -Non surtout pas ! Nora en souffrirait trop, elle serait placée dans une famille d’accueil le temps de l’enquête et puis qui sait ce qu’ils pourraient découvrir… Non, pour l’instant pas un mot aux flics. Quand votre frère était au bloc, j’ai fouillé le sac qu’il avait avec lui, dedans, il y avait une petite carte de visite en carton avec le nom d’un foyer pour SDF et son numéro de téléphone. Vous n’avez qu’à appeler, je pense que Peter vivait là-bas, demandez à ce qu’on vous expédie à vos frais toutes ses affaires à Bordeaux. On y trouvera peut-être quelque chose.
  -Il ne serait pas plus simple d’aller les chercher directement là-bas ?
  -Non, on rentre à Bordeaux ce soir. Entre l’envoi du test à un laboratoire privé, l’analyse et enfin le résultat, il faut compter au minimum quatre jours, six dans le pire des cas. Et je n’ai pas envie de perdre un jour de plus, la limite de dépôt de courrier est fixée à dix-sept heures, il est treize heures quarante ici donc quatorze heures quarante en France. Si on prend un vol immédiatement, on peut arriver à temps.
  -Et je fais quoi de Peter ? Je ne peux pas le laisser là ! Je dois organiser son enterrement !
  -Ecoutez-moi bien ! Votre frère il est mort ! Mort ! Nora elle, est bien vivante. Un mort peut attendre, elle non.
  Mattew acquiesça et suivit Gregory qui se dirigeait d’un pas rapide vers la sortie de l’hôpital. Dans la rue, il héla un taxi qui les conduisit à l’aéroport de Gatwick pendant qu’il achetait les billets pour Mérignac via internet sur son notebook avec la carte de crédit de Mattew.

***

  Quelques heures plus tard.
  Alice s’attelait à la préparation d’un moelleux au chocolat avec ses deux commis qui n’étaient autres que Nora et Zoé. En seulement trois jours, les deux petites filles étaient devenues très complices et Alice avait déjà entendu Nora parler à sa fille tout à fait normalement. Juste avant la mise au four, Alice proposa de mettre des smarties sur le gâteau pour lui donner un peu plus de couleur et Nora pris grand soin de respecter une certaine symétrie entre les différents tons. Maxime était parti travailler très tôt et allait sûrement rentrer tard. Son mari lui manquait cruellement, sans lui, elle n’était pas rassurée, vivait dans l’angoisse. Elle s’inquiétait pour lui, pour elle, pour Nora, pour Gregory… Elle avait la peur au ventre.
  Vers seize heures trente, alors que le gâteau sortait tout juste du four et qu’elle surveillait Nora et Zoé, d’une impatience extrême et qui n’avaient envie que d’une chose : dévorer le gâteau encore brûlant, on frappa à la porte d’entrée.
  Alice alla ouvrir et se retrouva nez à nez avec Gregory et Mattew.
  -Gregory ! fit-elle tout en essayant de cacher ses craintes.
  -Il faut que je récupère Nora. Dit-il en se dirigeant vers le salon.
  La fillette qui reconnut son père se jeta à son cou. Mattew détourna le regard.
  -Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda Alice.
  -Je t’expliquerai plus tard. Pour l’instant, je dois y aller. Tu aurais une enveloppe et un timbre s’il-te-plaît ?
  -Oui bien sûr ! dit-elle.
  Elle lui apporta ce qu’il avait demandé et les reconduisit à la porte.

  Mattew et Gregory avec Nora dans les bras se hâtèrent de chercher une boîte aux lettres. Lorsqu’ils en trouvèrent une, Gregory arracha un cheveu sur la tête de sa fille, qu’il plaça dans l’enveloppe avec celui que lui tendait Mattew. Il y ajouta un billet violet, un autre vert et la referma. Le destinataire n’était autre qu’un laboratoire de biologie privé pratiquant depuis quelques années des tests de paternité à visée judicaire ou totalement anonyme. Il avait déjà effectué de nombreux tests comme celui-ci pour d’anciens clients, il connaissait la démarche par cœur. Lorsqu’il inséra l’enveloppe dans la boîte aux lettres, sa main tremblait.

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Chapitre 16.Tue, 24 Aug 2010 23:44:00 +0200Tue, 24 Aug 2010 23:44:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-16-3031619.htmlAufilduclavier

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  Le cœur de Peter avait tenu moins d’une heure. Mattew, qui s’était endormi à ses côtés, avait été réveillé par un bruit strident en provenance de l’électrocardiogramme. Lorsqu’il avait ouvert les yeux, il y avait vu se dessiner une ligne parfaitement droite et avait hurlé à l’aide. Mais c’était trop tard. Les médecins avaient tout tenté, le massage cardiaque n’avait fait qu’accélérer le processus, à chaque contraction infligée artificiellement au cœur, c’était du poison qui franchissait les oreillettes par les veines.
  Après plus de cinq minutes interminables aussi bien pour l’équipe médicale que pour Mattew, le responsable avait fini par prononcer la phrase tant redoutée « time of death : one past nine ».

  Mattew, effondré, était resté près d’une demi-heure à pleurer le corps sans vie de son frère. Des infirmières avaient fini par tenter de le consoler et Mary l’avait conduit vers Gregory qu’elle pensait être son ami. Le détective avait immédiatement compris la situation et n’avait pas pu s’empêcher de donner un énorme coup de poing dans le mur en face de lui.
  Mary fit s’asseoir Mattew et resta debout aux côtés de Gregory.
  -Comment s’est arrivé ? demanda-t-il.
 
  La jeune infirmière fit tout son possible pour s’exprimer en français.
 - La cœur a stoppé battre, les doctors ont pu rien faire… Vous savez, vu comment il est arrivé, c’est une miracle qu’il n’est pas mort pendant la opération.
  -Oui bien sûr…

  Mary attendit que Mattew sèche ses larmes puis l’entraina près du distributeur automatique pour lui parler. D’où il était, Gregory ne pouvait qu’entendre quelques mots prononcés en anglais et dont il ne comprenait pas la signification.
  -J’ai assisté à l’opération de votre frère Peter. Commença-t-elle. Lorsqu’il est arrivé au bloc, il était conscient. Je lui ai expliqué ce qui allait se passer, qu’on allait l’endormir pour l’opérer, que l’opération en question comportait des risques. On nous a toujours enseigné de mentir aux patients quand c’était pour leur bien, mais votre frère, il savait qu’il allait sûrement mourir, alors je lui ai clairement fait comprendre qu’il y avait très peu de chances qu’il se réveille, que s’il voulait que je prie avec lui, j’étais disposée à le faire.
   Mattew écoutait l’infirmière avec une attention extrême, comme si chacun de ses mots était de l’or pur, il réalisait qu’elle était en train de lui narrer les derniers instants de la vie de Peter, ses dernières paroles.
  -Mais il a décliné ma proposition en secouant la tête et il a tendu son bras vers la poche de mon uniforme. Continua-t-elle. Au début, je ne comprenais pas ce qu’il voulait alors je me suis approchée de lui et je l’ai entendu murmurer « carnet ». J’avais un petit carnet bleu dans ma poche, il me sert à noter tout ce qui me semble important lorsque je suis autorisée à regarder les opérations. J’ai tiré mon carnet de ma poche et je le lui ai donné avec un stylo. Il l’a ouvert à une page complètement au hasard et a écrit quelque chose. Il a refermé le carnet et l’a remis à sa place. Et puis il m’a regardée droit dans les yeux et m’a très clairement dit « si je meurs pendant l’opération ou plus tard, donnez ça à mon frère. Promettez-le-moi. ». J’ai promis et on lui a placé un masque à oxygène sur le visage pour l’endormir. Vous comprenez donc pourquoi je viens vous voir. Je dois vous transmettre le message de Peter.
  Mary attrapa son carnet, arracha une page précise, la plia en quatre et la plaça dans la main de Mattew.
  -Je ne sais pas ce que ça veut dire, expliqua-t-elle, mais vous, vous devez le savoir.
  Et elle s’en alla.

  Mattew se dirigea vers Gregory et lui relata sa conversation avec l’infirmière.
  -Je n’ai pas la force de l’ouvrir, dit-il en tendant la feuille à Gregory, faites-le à ma place.
  Le détective pris la feuille, la déplia. Ce qu’il y lu lui transperça le cœur, il fut pris de violentes nausées et ses jambes ne le portant plus, il tomba violemment sur le sol. Plusieurs infirmières témoins de la scène accoururent pour l’aider à se relever tandis que Mattew, paniqué par la réaction de Gregory arracha la feuille que le jeune homme tenait toujours entre ses doigts.

  Lorsqu’il posa ses yeux sur l’écriture de son frère, Mattew demeura paralysé, comme foudroyé puis s’écroula lui aussi.

  La page du carnet flotta quelques instants dans l’air puis vient délicatement effleurer le carrelage et finit par s’immobiliser. Ecrites à l’encre noire, de petites lettres délivraient un bien grand message : « Molly = Nora ».

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Chapitre 15.Tue, 24 Aug 2010 22:29:00 +0200Tue, 24 Aug 2010 22:29:00 +0200http://molly.cowblog.fr/chapitre-15-3031601.htmlAufilduclavier  

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  Quand la totalité du contenu de la seringue fut évacuée dans la perfusion, Florian malaxa le sac afin que tout le poison se répande équitablement dans le liquide composé essentiellement de glucose. La digitaline, extraite de la digitale pourpre, une plante tout aussi belle que dangereuse, était connue depuis des milliers d’années pour ses propriétés bradycardisantes. Le cœur de Peter, déjà affaibli par l’accident, ralentirait ses contractions au rythme du goutte à goutte de la perfusion puis cesserait de battre. On estimait qu’avec seulement 350 mg, un homme de soixante-quinze kilos sur deux mourrait. La dose administrée par Florian à Peter était d’environ 300 mg. Mais l’état plus que critique de ce dernier ne faisait aucun doute quant à  l’issu tragique qui se préparait.
  Après avoir soigneusement replacé la seringue dans sa poche ainsi que le flacon désormais vide, il alla voir Mattew dans le couloir pour lui faire part de ses fausses constatations.
  -Votre frère se porte bien, sa saturation en oxygène est légèrement en-dessous de la normale mais rien de bien méchant, son rythme cardiaque est parfait, tout laisse penser qu’il se rétablira vite.
  -Merci beaucoup docteur. Merci pour tout ce que vous faites pour mon frère. S’exclama Mattew en empoignant la main de Florian.
  -Je ne fais que mon métier et puis vous savez, je ne suis qu’externe, je n’ai pas encore officiellement le titre de docteur. Répondit-il en déposa une tape amicale sur son épaule. Enfin, vous pouvez retourner dans sa chambre, je vous autorise même à y rester un peu plus longtemps pour me faire pardonner de vous avoir dérangés. Je file, j’ai d’autres patients qui m’attendent. Bon courage à vous.

  Lorsqu’il se trouva à l’abri des regards du personnel qui passait dans le couloir, Florian entra dans une petite pièce où étaient rangés cathéter, seringues, pansements, compresses… Il attrapa un morceau de coton sur une étagère qu’il se scotcha sur l’avant-bras à l’aide de sparadrap. Puis il jeta sa blouse dans une poubelle dissimulée derrière de gros cartons et s’assura que personne ne le voyait pour reprendre son chemin dans le couloir comme si de rien n’était.
  Au rez-de-chaussée, il feint de croiser Gregory par hasard, toujours assis sur son siège.
  -Gregory ! héla-t-il
  -Putain mais t’étais où ?! Et c’était quoi ce plan foireux dans le métro ?! répondit celui-ci en se levant pour la première fois depuis presque une heure.
  -Attendez, expliquez-moi d’abord pourquoi vous êtes là !
  -Peter s’est fait renversé par une voiture.
  -Merde ! Et c’est grave ?!
  -Ils l’ont mis dans le coma… Maintenant faut attendre…
  -Ca craint…
  -Bon et toi ? Qu’est-ce que tu fiches ici si tu ne savais pas que j’étais là ?!
  Florian lui montra son avant-bras.
  -Je me suis fait piqué par une abeille je vous ai dit, vous avez pas entendu ?
  -Tu plaisantes ?! A cause de toi Peter s’est enfui… Et c’est quoi ce délire ? On ne va pas à l’hôpital à cause d’une piqûre d’abeille !
  -Vous peut-être, mais moi j’y suis allergique. Abeilles, guêpes, frelons… tout ce que vous voulez qui possède des ailes et un dard… Normalement en été j’ai toujours avec moi un kit d’adrénaline injectable pour éviter une chute de tension en réaction au venin. Mais là, je l’ai pas pris, vous comprenez, on est en Angleterre… Bref, un mec a bien voulu me conduire à l’hôpital, et une gentille infirmière m’a fait mon injection. Fin de l’histoire.
  -Génial… murmura Gregory en se moquant à moitié des aventures épiques de Florian.
  -Et au fait, j’ai croisé le frère de Peter tout à l’heure dans l’hosto, ça veut dire que vous aurez plus besoin de moi, si ?
  -T’as croisé Mattew ?
  -Ouais.
  -Et comment tu l’as reconnu ?
  -Vous m’avez montré une photo de Peter, et c’est deux là, c’est limite si on les prend pas pour des jumeaux. Alors ? Je peux vous laisser ou pas ?
  -Mattew est anglais donc je suppose que oui, je n’ai plus besoin de toi.
  -Parfait ! Je crois que je vais aller faire un tour en Ecosse, j’ai un oncle qui vit là-bas. Je vous souhaite bonne chance pour votre affaire et je croise les doigts pour que Peter se réveille.
  -Moi aussi.

  Et comme il avait salué Gregory pour la première fois, il lui dit au revoir sans éveiller aucun soupçon.

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