Molly

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Mardi 24 août 2010 à 22:29

  

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  Quand la totalité du contenu de la seringue fut évacuée dans la perfusion, Florian malaxa le sac afin que tout le poison se répande équitablement dans le liquide composé essentiellement de glucose. La digitaline, extraite de la digitale pourpre, une plante tout aussi belle que dangereuse, était connue depuis des milliers d’années pour ses propriétés bradycardisantes. Le cœur de Peter, déjà affaibli par l’accident, ralentirait ses contractions au rythme du goutte à goutte de la perfusion puis cesserait de battre. On estimait qu’avec seulement 350 mg, un homme de soixante-quinze kilos sur deux mourrait. La dose administrée par Florian à Peter était d’environ 300 mg. Mais l’état plus que critique de ce dernier ne faisait aucun doute quant à  l’issu tragique qui se préparait.
  Après avoir soigneusement replacé la seringue dans sa poche ainsi que le flacon désormais vide, il alla voir Mattew dans le couloir pour lui faire part de ses fausses constatations.
  -Votre frère se porte bien, sa saturation en oxygène est légèrement en-dessous de la normale mais rien de bien méchant, son rythme cardiaque est parfait, tout laisse penser qu’il se rétablira vite.
  -Merci beaucoup docteur. Merci pour tout ce que vous faites pour mon frère. S’exclama Mattew en empoignant la main de Florian.
  -Je ne fais que mon métier et puis vous savez, je ne suis qu’externe, je n’ai pas encore officiellement le titre de docteur. Répondit-il en déposa une tape amicale sur son épaule. Enfin, vous pouvez retourner dans sa chambre, je vous autorise même à y rester un peu plus longtemps pour me faire pardonner de vous avoir dérangés. Je file, j’ai d’autres patients qui m’attendent. Bon courage à vous.

  Lorsqu’il se trouva à l’abri des regards du personnel qui passait dans le couloir, Florian entra dans une petite pièce où étaient rangés cathéter, seringues, pansements, compresses… Il attrapa un morceau de coton sur une étagère qu’il se scotcha sur l’avant-bras à l’aide de sparadrap. Puis il jeta sa blouse dans une poubelle dissimulée derrière de gros cartons et s’assura que personne ne le voyait pour reprendre son chemin dans le couloir comme si de rien n’était.
  Au rez-de-chaussée, il feint de croiser Gregory par hasard, toujours assis sur son siège.
  -Gregory ! héla-t-il
  -Putain mais t’étais où ?! Et c’était quoi ce plan foireux dans le métro ?! répondit celui-ci en se levant pour la première fois depuis presque une heure.
  -Attendez, expliquez-moi d’abord pourquoi vous êtes là !
  -Peter s’est fait renversé par une voiture.
  -Merde ! Et c’est grave ?!
  -Ils l’ont mis dans le coma… Maintenant faut attendre…
  -Ca craint…
  -Bon et toi ? Qu’est-ce que tu fiches ici si tu ne savais pas que j’étais là ?!
  Florian lui montra son avant-bras.
  -Je me suis fait piqué par une abeille je vous ai dit, vous avez pas entendu ?
  -Tu plaisantes ?! A cause de toi Peter s’est enfui… Et c’est quoi ce délire ? On ne va pas à l’hôpital à cause d’une piqûre d’abeille !
  -Vous peut-être, mais moi j’y suis allergique. Abeilles, guêpes, frelons… tout ce que vous voulez qui possède des ailes et un dard… Normalement en été j’ai toujours avec moi un kit d’adrénaline injectable pour éviter une chute de tension en réaction au venin. Mais là, je l’ai pas pris, vous comprenez, on est en Angleterre… Bref, un mec a bien voulu me conduire à l’hôpital, et une gentille infirmière m’a fait mon injection. Fin de l’histoire.
  -Génial… murmura Gregory en se moquant à moitié des aventures épiques de Florian.
  -Et au fait, j’ai croisé le frère de Peter tout à l’heure dans l’hosto, ça veut dire que vous aurez plus besoin de moi, si ?
  -T’as croisé Mattew ?
  -Ouais.
  -Et comment tu l’as reconnu ?
  -Vous m’avez montré une photo de Peter, et c’est deux là, c’est limite si on les prend pas pour des jumeaux. Alors ? Je peux vous laisser ou pas ?
  -Mattew est anglais donc je suppose que oui, je n’ai plus besoin de toi.
  -Parfait ! Je crois que je vais aller faire un tour en Ecosse, j’ai un oncle qui vit là-bas. Je vous souhaite bonne chance pour votre affaire et je croise les doigts pour que Peter se réveille.
  -Moi aussi.

  Et comme il avait salué Gregory pour la première fois, il lui dit au revoir sans éveiller aucun soupçon.

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