Molly

Molly

Dimanche 29 août 2010 à 17:25


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  La police bordelaise avait décidé de se rendre en Bretagne le lendemain afin de rendre Nora à son père. Mais avant que le détective ne ramène la fillette, Mattew, Clarence et lui avaient décrété qu’il était temps pour eux d’expliquer la situation à Molly.
  -Nora chérie, avait commencé Gregory, il y a quelque chose dont il faut que je te parle. Il ne faut pas que tu aies peur, tout se passera bien, d’accord ?
  La petite fille acquiesça.
  -Bon je me lance, déclara-t-il à Mattew et Clarence assis en face de lui, ton vrai prénom ce n’est pas Nora, en réalité tu t’appelles Molly, et tout comme toi j’ai été très très surpris en l’apprenant ! dit-il en la voyant écarquiller les yeux.
  Il n’était pas question qu’elle apprenne la vérité alors il récita ce qu’ils avaient tous les trois convenu de lui dire.
  -Il se trouve en fait que dans l’endroit où il y a tous les petits bébés, il y a eu une erreur lorsque tu es née. On a donné à ta maman et à moi le bébé d’un autre couple, tu comprends ? Je ne suis pas ton vrai papa et maman n’était pas ta vraie maman. Non, en fait tu es la petite fille de Clarence et de Mattew.
  Molly jeta des regards interrogateurs à ses parents biologiques qui tentèrent de lui sourire pour dissimuler leur angoisse.
  -Le bébé de papa et maman, il a été pris par un méchant monsieur qui l’a caché, mais maintenant, la police l’a retrouvé. Et demain, je vais aller chercher ce bébé qui a grandi et est devenu une grande fille comme toi.
  -Tu m’aimes plus alors ? demanda Molly complètement perdue.
  -Si, bien sûr que si ! Je t’aimerai toute ma vie, tu seras toujours ma petite Nora dans mon cœur. Mais tu dois comprendre que tu as des parents qui t’aiment aussi énormément. Avec le temps, tu vas apprendre à les connaître et tu verras que toi aussi tu les aimeras.
  Molly éclata en sanglots, et Gregory la prit dans ses bras pour sécher ses larmes alors que les siennes ainsi que celles de Clarence et Mattew avaient aussi commencé à couler.
  -Tu as le droit d’être triste chérie, c’est tout à fait normal, c’est difficile pour toi, mais je te promets que dans quelque temps, tu seras très heureuse.
  -Je pleure pas pour moi, je pleure pour la petite fille. Dit-elle en passant la paume de sa main sur ses yeux.
  -La petite fille ? s’étonna Gregory.
  -Oui, elle, elle a jamais eu de papa et de maman pour l’aimer.
  Les trois adultes rirent alors aux éclats. La phrase n’avait rien de comique en elle-même mais elle montrait que Molly avait compris tout ce qu’ils avaient voulu lui expliquer et qu’elle n’était pas si malheureuse qu’elle aurait pu l’être. Entendre une enfant se lamenter sur le sort d’une autre, c’était le signe qu’il restait encore un peu d’humanité dans ce monde, et après tout ce qu’ils venaient de vivre, ils accueillaient ça comme un miracle.
  Seize heures le lendemain, après un long trajet en voiture, Gregory et les deux agents qui l’accompagnaient étaient arrivés à l’embarcadère qui assurait la liaison entre l’île de Batz et le continent. Sur le bateau, parmi la foule de touristes insouciants, Gregory ressemblait à un Ovni, le visage pâle, le regard au loin. Plus ils s’approchaient, plus le cœur de Gregory battait fort dans sa poitrine, il était impatient de rencontrer sa fille mais il avait aussi peur, peur de la réaction de la fillette. Lorsqu’ils arrivèrent devant la maison des parents de Maxime, il avait inconsciemment voulu faire demi-tour, il avait voulu s’endormir, et se réveiller deux semaines en arrière, retrouver sa vie d’avant. Mais il entendit des rires d’enfants qui provenaient du jardin. Il contourna la bâtisse en pierre et…

  … et c’est là qu’il la vit.
  … et c’est là qu’elle le vit.

  -Bonjour monsieur, déclara-t-elle avec toute son assurance, je m’appelle Nora !
  -Bonjour… répondit Gregory ému.
  -Vous voulez jouer avec moi ? Adrien et Elen ils sont toujours occupés alors ils ne veulent jamais jouer avec moi…
  -Je… Oui, pourquoi pas.
  La fillette prit alors sa main et le conduisit à quelques mètres de là, au pied de la mer. Elle portait une marinière, un petit short bleu foncé et des bottes en caoutchouc jaune, deux fois trop grandes pour elle. Ses cheveux châtains clairs étaient soulevés par la brise et Gregory put sentir que ses mains étaient couvertes de sable.
  -Vous devez m’aider à trouver des petits cailloux. Des jolis hein ! C’est pour mettre dans l’aquarium de Bubulle. Bubulle c’est mon poisson rouge, il faudra que je vous le présente, dit-elle tout en fouillant le sable.
  -Adrien et Elen, ce sont tes parents ? se risqua à demander Gregory en s’accroupissant pour imiter sa fille.
  -Non, eux ils s’occupent juste de moi. Mon papa et ma maman, je ne les ai jamais vus. Mais Adrien et Elen, ils ont dit qu’un jour ils viendraient me chercher. Des fois la nuit, je rêve qu’ils sont là et puis le matin quand je me réveille, je suis toute triste.
  Gregory prit alors les deux mains de Nora et plongea son regard dans le sien. Sa fille avait exactement ses yeux, ils étaient exactement du même bleu, comme le bleu de  l’immense étendue d’eau qui se trouvait devant eux.
  -Nora, je suis venu te chercher. Prononça Gregory lentement comme pour savourer l’instant.
  -Vous… vous êtes mon papa ? bafouilla-t-elle.
  -Oui, je suis ton papa. Répondit-il en souriant comme jamais il n’avait souri.
  Nora se jeta alors à son cou. Gregory se leva et la fit tournoyer avec lui. Il était heureux. Ils étaient heureux.

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