Molly

Molly

Dimanche 22 août 2010 à 16:26


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  Ce matin-là, Peter s’était levé tôt. Il avait pris un rapide petit déjeuner, avait enfilé un bas de jogging et un tee-shirt à manches courtes et était sorti de son petit studio pour se retrouver dans le quartier de Charing Cross, en pleine ébullition avant le week-end. Se rendre au commissariat le répugnait chaque mois d’avantage, il se considérait comme le petit chaperon rouge qui allait rendre visite à mère-grand, « je finirai par me faire bouffer par ces sales loups », voilà ce qu’il répétait à ses quelques amis, tous d’anciens drogués comme lui.
  A la mort de ses parents lors d’un accident de voiture, il avait perdu tous ses repères et son frère Mattew, à force de vouloir trop le couver, avait fini par l’étouffer. Il avait trouvé sa propre source de réconfort, se procurait de l’héroïne, parfois même s’injectait de la morphine dans les veines « histoire d’atténuer cette putain de douleur, la morphine c’est pour la douleur hein Mattew ? Alors pourquoi je pourrai pas l’utiliser ? ». Peter était devenu incontrôlable, trouvait des justifications à chacun de ses actes, rejetant la faute sur son frère, sur ses parents décédés, sur la société et vivait selon la philosophie du Carpe Diem d’Horace. Jusqu’au jour où il avait été écroué à Shrewsbury. Son mal-être avait alors subi une métamorphose et il était passé de la douleur à la révolte.

  A huit heures, il franchissait la porte de la « Police Station » sans voir les deux hommes qui l’observaient de l’autre côté de la rue.

  Le cœur de Gregory s’était mis à battre plus fort, il pouvait même sentir la pression de ses contractions se propager dans ses artères, résultat de la décharge d’adrénaline provoquée par la reconnaissance de Peter. Cette sensation, il l’avait expérimentée à de multiples reprises, à chaque fois c’était la même chose, c’était comme si ses enquêtes prenaient une tout autre dimension, jusqu’à présent il avait été spectateur, maintenant il entrait en scène.
  -C’est lui. Dit Gregory à Florian en lui faisant un signe de tête dans la direction de Peter.
  -Il a l’air complètement paumé votre mec !
  Il n’avait pas tord, Peter ressemblait à tous les SDF qu’ils avaient croisés pour venir jusqu’ici. Une démarche lourde, une barbe d’au moins deux semaines, des cheveux en bataille et des vêtements extrêmement simplistes.
  -On fait quoi maintenant ? demanda Florian.
  -On attend qu’il sorte.
  -Et ensuite ?
  -Ensuite on improvise.
  -Super…répondit l’interprète en s’étirant. Je pourrai même pas avoir une petit idée de comment on va procéder ? Est-ce qu’on lui court après ? Est-ce qu’on l’interpelle ? Est-ce qu’on reste plantés là comme deux crétins ?...
  -Le mieux serait qu’on tente de le suivre jusque chez lui. Je n’ai pas réussi à localiser son domicile, s’il en a un. Autant te dire que s’il nous échappe, on va avoir énormément de mal à le retrouver.
  -La galère…
  -Tu l’as dit.
  Un quart d’heure plus tard, Peter sortait du commissariat, suivi discrètement par Gregory et Florian.
  -Il faut qu’on reste à une distance convenable. Dix mètres ça me paraît correct, expliqua Gregory en chuchotant, je veux que tu sois le plus naturel possible, le but du jeu c’est de ne pas se faire repérer. Si jamais il se retourne, ne le regarde pas ! On doit continuer à marcher. Tu m’as bien saisi ?
  -Pas de problème chef ! dit-il sur un ton ironique.

  La filature se déroulait à merveille, Peter ne suspectait rien, il n’avait pas accéléré le pas, n’avait pas non plus jeté des regards paniqués autour de lui.
  Ils avaient failli perdre Peter, qui était monté dans un métro à la station de Charing Cross et dont les portes s’étaient presque fermées avant que Gregory et Florian ne puissent y entrer, mais tout était désormais sous contrôle, et à chaque station Gregory était sur le qui vive au cas où Peter déciderait de descendre.
  Cela faisait maintenant plus de dix minutes qu’ils voyageaient quand Florian hurla dans tout le métro : « Aaaaaaaaaaaaah !! Putain !! Saleté d’abeille !!!!!! » attirant évidemment tous les regards des passagers dont celui Peter qui croisa également celui de Gregory. Le métro venait de s’arrêter à une station et Peter sauta sur les quais et courut vers la sortie. Gregory se lança à sa poursuite alors que Florian prenait tout son temps pour descendre.
  Peter courait de plus en plus vite pour distancer Gregory mais celui-ci ne le lâchait pas. Il tourna à droite, manqua de se cogner contre le mur et dévala les escalators pour ensuite gagner la sortie. Ils étaient à Paddington. Peter emprunta une ruelle sur la gauche puis tourna à droite et une nouvelle fois à gauche. Gregory avait de plus en plus de mal à le suivre, et à une intersection, alors qu’il pensait l’avoir perdu, il s’arrêta. Mais lorsqu’il tourna sa tête à gauche, il le distingua au loin, continuant sa course folle et se relança à sa poursuite. Pris de panique, Peter qui avait vu que Gregory était toujours derrière lui, traversa l’avenue sans réfléchir. A une cinquantaine de mètres de lui, Gregory le vit se faire renverser par une voiture.

Par Mneemosyne le Dimanche 22 août 2010 à 21:18
Ah ... mon... dieu.


C'est horrible.

c'est génial.

J'adore. ^^
 

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