Molly

Molly

Vendredi 18 juin 2010 à 21:43

  Comme tous les jours, Gregory s'était levé aux aurores. Son visage était marqué par la fatigue et les cernes sous ses yeux lui faisaient prendre au moins dix ans. Sa vie, il l'avait toujours imaginée paisible, il avait toujours voulu devenir un bon père de famille, un mari aimant, un amant idéal, un homme accompli. Son enfance, il l'avait passée dans les HLM parisiens, avec une mère alcoolique et un père absent, mais il avait vite compris qu'en travaillant comme un acharné, en essayant au maximum d'éviter les escrocs et autres scélérats de sa cité, il finirait par se sortir de ce monde qui ne lui correspondait pas. Et effectivement, après avoir brillé dans ses études secondaires, il avait rapidement intégré un petit commissariat dans la banlieue chic d'Herblay.
 
  Et puis il avait rencontré Margaret, une jeune anglaise, elle avait 22 ans à cette époque, lui 24. Il avait tout plaqué pour partir vivre avec elle à Bordeaux. Le charme de la ville, ses façades du 18ème siècle, ses jardins, son climat avaient fait qu'il s'était tout de suite senti comme chez lui. Margaret occupait un vieil appartement dans le quartier des Chartrons et étudiait le Droit à l'université. Gregory avait alors monté sa propre affaire et la chambre d'amis lui faisait office de société. Il avait rangé son uniforme de flic pour enfiler celui de détective privé. Il travaillait pour lui, n'avait de compte à rendre à personne, pouvait gérer son business comme il l'entendait. Pas de hiérarchie, pas de règles.

  Il s'était vite fait un nom dans la profession, ainsi qu'auprès des policiers de la ville qui n'approuvaient que très rarement ses méthodes. Gregory soupçonnait qu'il y ait là un peu de jalousie de leur part, il parvenait à résoudre les enquêtes qu'ils avaient bien du mal à classer et souvent ses clients qui venaient le voir après s'être adressés à eux avaient la fâcheuse tendance à blâmer la police pour son incompétence. Lui ne cherchait pas à l'attaquer, il parvenait en général à les ramener à la raison, expliquant qu'il était bien plus facile de réussir à dénouer une affaire en ne se concentrant que sur elle, en disposant de tout le temps nécessaire, ce que n'avaient pas les policiers. La plupart de ses clients étaient des clientes cherchant la preuve de l'infidélité de leur mari pour toucher le pactole lors du divorce ou bien des parents inquiets, sans nouvelle de leur enfant tout juste majeur et qui ne pouvaient donc pas entamer une procédure "en règle". Bien sûr, comme tout détective, il était déjà tombé sur des cas qu'il qualifiait de "critiques", notamment à ses débuts, des affaires tout droit sorties de polars dont il ne voyait jamais le bout et qu'il finissait par abandonner faute de pistes convaincantes.

  Alors qu'il flânait dans l'appartement depuis une bonne vingtaine de minutes, il se décida enfin à aller boire un café dans la cuisine. Mais alors qu'il allumait la lumière, l'interphone sonna, réveillant la petite Nora. Les murs étant très mal insonorisés, il courut vers l'appareil pour répondre avant de s'attirer les foudres de ses chers voisins.
A peine avait-il décroché qu'une voix grave se fit entendre.
  -Monsieur Laurent ?
  -Je...oui c'est moi. marmonna Gregory encore à moitié endormi.
  -Je m'appelle Mattew, Mattew Smith et il faut que je vous parle.
  -Oui eh bien écoutez-moi, il est... Il jeta un rapide coup d'oeil vers l'unique horloge de la maison. Il est 4h10, on est dimanche, vous venez de me réveiller et...
  -Je ne vous ai pas réveillé.
  -Pardon ?
  -Je ne vous ai pas réveillé. J'étais en bas, dans ma voiture, j'attendais de voir de la lumière dans l'appartement pour sonner. Vous avez allumé la lumière et j'ai sonné. Donc à moins que vous ne soyez somnambule ou je ne sais quoi, vous étiez bel et bien éveillé.
  Gregory passa une main dans ses cheveux et se frotta les yeux. 
  -Ouais ouais ok. Vous avez raison. Mais ça ne vous donne pas le droit de venir m'agresser à 4h du mat'...
  -Qui a dit que je vous agressais ? Je veux simplement vous parler. Laissez-moi vous parler. Après, vous pourrez me jeter dehors, prévenir les flics même si ça vous chante. Mais accordez-moi juste cinq minutes.

  Le harcèlement, Gregory connaissait, il en avait déjà été la victime. C'était un des risques de son métier. Parfois en rentrant chez lui, il s'apercevait qu'une voiture le suivait, ou alors son téléphone sonnait et il n'y avait personne à l'autre bout du fil... Ca ne durait jamais bien longtemps. Il finissait toujours par trouver les coupables et savourait l'instant où il les remettait à la police.
  Mais cet homme qui voulait lui parler n'avait rien d'un fou ou d'un maniaque. C'était un homme marqué, il le sentait au son de sa voix.

  -Bien. Montez. finit-il par dire en soupirant.


Par Mneemosyne le Vendredi 18 juin 2010 à 23:19
Alors, ça réveiller Nora, y'a intérêt a ce que ce soit important... >.<
Par xxx.lOon-neSs.xxx le Lundi 28 juin 2010 à 19:29
Rien à dire, vraiment... :)
 

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