Molly

Molly

Jeudi 12 août 2010 à 0:08

  

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<3

  Le lendemain, Gregory prépara la valise de Nora en prenant soin de ne rien oublier d’important : sa peluche Winnie l’ourson, son livre de contes, son tee-shirt préféré et bien évidemment la photo de Margaret que la petite fille posait désormais sous son oreiller avant de s’endormir. Se séparer de Nora allait s’avérer être une épreuve pour lui, jamais il n’avait passé plus d’une journée sans elle. L’année qui avait suivi le suicide de sa femme, ils n’étaient presque pas sortis, Gregory puisait dans ses économies, vivait avec l’argent qu’elle lui avait laissé avant de mourir, il avait même vendu sa  voiture, une authentique Austin que lui avait offert ses riches parents alors qu’elle habitait encore en Angleterre. Avec ça, ils avaient pu tenir jusqu’à aujourd’hui. Mais son compte à présent dans le rouge, Gregory savait qu’il devait à tout prix abandonner cette vie recluse. C’est pourquoi il avait décidé de placer Nora chez sa meilleure amie. Ou plutôt celle qui était sa meilleure amie, à l’époque où il allait bien. Alice Metayer était une jeune femme absolument charmante. De plus de deux ans son aînée, elle lui avait apporté de précieux conseils, l’avait même aidé à créer sa petite entreprise d’investigation. Gregory admirait beaucoup son mari Maxime, un homme digne, solide comme un roc mais qui savait laisser transparaître ses émotions quand la situation l’exigeait. Lorsqu’ils s’étaient rencontrés, Maxime avait déjà un fils d’une précédente union qu’Alice avait adopté sans la moindre difficulté. Et puis la famille s’était agrandie avec l’arrivée de Zoé qui avait maintenant plus de sept ans.
  Gregory était persuadé que Nora serait accueillie à bras ouverts et de toute façon, il ne connaissait aucun autre foyer aussi équilibré, et l’équilibre, c’était bien de qui faisait défaut au sien. Alice travaillait à domicile en temps qu’écrivain jeunesse, raconter des histoires aux enfants, les voir écarquiller les yeux devant ses dessins colorés l’avait toujours fasciné et Gregory avait le secret espoir qu’elle parviendrait à faire parler Nora.

  La dernière fois qu’il l’avait vue, il y a près de trois ans, elle venait lui faire à manger et s’occuper de Nora alors qu’il se laissait dépérir, mais quand elle leur ouvrit la porte, c’était comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Alice était toujours aussi rayonnante, sa silhouette était toujours aussi svelte, ses yeux toujours aussi foncés, presque noirs, seule sa couleur de cheveux semblait différente, tirant légèrement sur le Auburn.
  -Greg !
Elle le prit dans ses bras.
  -Tu m’as tellement manqué ! Et toi tu as tellement grandi ! Continua-t-elle en déposa un baiser sur le front de Nora. Tu es une très grande fille maintenant, presqu’aussi grande que Zoé ! Enfin il faut dire que Zoé c’est une toute petite puce…
  -Elle a de qui tenir ! commenta Gregory.
Elle lui donna un léger coup de coude et ils éclatèrent de rire.
 
  Ils se connaissaient depuis toujours, étaient incapables de se remémorer la première fois où ils s’étaient vus. Ils avaient fait leur scolarité sur Paris, dans le même collège, puis dans le même lycée, avaient le même cercle d’amis, mais ils n’avaient jamais réellement fait attention l’un à l’autre, n’avaient jamais eu de grandes conversations. A l’obtention du bac, ils étaient partis dans des voies différentes et ne s’étaient jamais revus. Jusqu’au jour où, hasard du destin, ils s’étaient croisés au rayon Dvd d’un grand supermarché, le même film à la main. Gregory venait tout juste d’arriver sur Bordeaux et à part les quelques amis de Margaret, il ne voyait personne, alors ils avaient passés quelques soirées ensemble. Une jalousie malsaine aurait pu naître dans les yeux de Margaret mais elle adorait Alice, lui confiait ses problèmes, lui présentait des amis à elle qui auraient potentiellement pu lui plaire… Ils formaient un trio inébranlable. Jusqu’à ce qu’un pion s’écroule entrainant avec lui un second pion. Bien qu’anéantie par le chagrin, Alice avait su trouver la force, notamment auprès de Maxime, de ne pas sombrer comme son ami.

  Alice conduisit Nora dans la chambre de Zoé, où elle dormirait durant son séjour. Puis elle laissa la fillette s’amuser avec les multiples baigneurs et autres poupées articulées, blondes à forte poitrine, dont toutes les petites filles raffolent.
  Elle retrouva Gregory dans la cuisine, lui servit une tasse de thé et lui fit passer un véritable interrogatoire avec pour principales questions : « comment as-tu fait pour vivre sans travail pendant trois ans ? », « que comptes-tu faire pour sortir Nora de son mutisme ? », « combien de temps tu t’absentes ? », « Où vas-tu ? », « pour quoi faire ? » et enfin « tu tiens le coup ? ». Gregory n’avait eu aucun mal à répondre à ses questions, lui-même s’était déjà demandé ce qu’il était censé faire avec sa fille, il lui donnait un an pour surmonter toute seule son handicap, si passé ce délai rien ne changeait alors il s’inscrirait dans une école spécialisée. Cependant, il n’avait pas su quoi répondre à la dernière. Il avait était si près du précipice qu’il ne pouvait qu’affirmer qu’il allait mieux. Pas bien. Mieux.

  Ils restèrent plusieurs heures à discuter, notamment avec Maxime qui avait achevé sa garde à l’hôpital. Puis vint le moment pour Gregory de s’en aller. Il ne savait pas s’il allait devoir quitter la ville pour partir en Angleterre ou bien rester sur place mais il ne voulait pas avoir sa fille à charge pendant la période de l’enquête. Il aurait fait un mauvais détective et un mauvais père.
  Sur le pas de la porte, Gregory exposa une énième demande à Alice.
  -Si jamais elle vient à parler devant toi d’un « monsieur » qui aurait tué sa mère, essaie d’en savoir plus. Et surtout appelle-moi.
  -Attends ! C’est quoi cette histoire ?!
  -J’en sais strictement rien ! C’est bien là qu’est le problème. Cria-t-il en montant dans sa voiture.

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